samedi 1 août 2009

Apocalypse et saucisse


Toulouse, c'est apparemment une chouette petite ville rose agréable à vivre, malgré le lourd héritage de certaines hérésies occitanes. Et un ancrage historiquement sinistré par la politique d'urbanisation en béton du Commissariat au Plan. Dans les radieuses cités alentour - avec des barres inspirées par les grandes réussites des banlieues parisiennes, il règne une ambiance particulière et la couleur rosâtre dominante est propice à stimuler mon désir de sévices.

Toulouse, des quartiers sympatiques...

Sauf pour le rock velu en bottes.

Ensuite bon. Musicalement c'est plutôt globalement naze. Si vous avez le bon goût d'aimer le jazz manouche ou le klezmer, vous seriez aussi très déçus. C'est simple, y a que des groupes de seconde zone plus ou moins engagés et donc risibles - pour ne pas citer Zebda, une troupe d'histrions locaux à casquette balbutiant un sabir approximatif sur des rythmes indigents.

Que le public concerné puisse s'agglutiner en masse pour se prêter à pareille farce en dit long sur le fait qu'à Toulouse, on s'y connaît mieux en cassoulet et en saucisse qu'en musique. D'où, aussi un problème récurrent de gaz en phase digestive.

Je vous passe les détails.

Pouvait-on attendre plus d’une clique de pseudos artistes assistés braillant à qui veut l'entendre le refrain sur la diversité opprimée ? Ou les slogans mous de rastafariens ensuqués à la ganja ? Je les hais. Du temps de Papounet et de Maximou d'amour, on n'aurait jamais autorisé un tel laisser-aller.

Le Parti savait. Guider les artistes sur la bonne voie. En les pressant de ne pas trop dévier des canons du réalisme socialiste!

Ainsi la scène de Toulouse offre une large palette de branle-musards, cantonnés dans deux ou trois ritournelles, et point barre. Alors si tu es comme moi une sorte d’Homme Nouveau - de gauche, hein - qui a connu ses premiers émois lors des spectacles de Chantal Goya, ses premières érections sur les chœurs de l'Armée Rouge remixés version disco, ses premiers pogos costumés dans des soirées alternatives à la faune bigarrée, si tu es comme moi un rebelle déclamant le soir venu, debout sur son tabouret, des poèmes du Sturm und Drang, si tu aimes les tambours et trompettes de l'apocalypse, les abdos luisants et le poil dru, les hymnes suintant la virilité propre à une discipline de fer et de cuir !

Bref. Le genre de bruit qui fait fureur.

Si d’aventure tu as en sus quelques pulsions épuratrices peu refoulées, et que tu vois pour la énième fois des drogués pouilleux à dreadlocks qui semblent échappés d'un cirque altermondialiste, avec leurs tam-tams primitifs, ou encore les sempiternelles musiques dégénérées, slaves ou pires, avec leur jazz manouche antisocialiste un peu trop libre; parfois, je dis bien parfois, d'humeur taquine, tu aimerais t'acheter un lance-flammes (au hasard), histoire de purifier un peu cette dissidence cosmopolite au son du canon.

Normal quoi, a priori. La routine.

Ceci étant posé, il peut m'arriver de prendre mon traitement correctement. Quelques moments de repos bien mérité. Pour arrêter, un peu, de me répandre en rêves humides de sévices publics. Une fois l'an à peu près.

Une fois, ça correspond aussi au concert annuel de notre section. Quand un groupe en costumes de motards accepte de faire le déplacement chez nous.

Motörhead en 2007, avec Patrick Juvet en première partie, qui m'a bien mis en branle le bougre.

Quand j'entends Motörhead, c'est simple, ça me donne envie d'envahir la Pologne.

Normal. Banal, et tellement compréhensible.
J'assume.

Cette année, c'est un nouveau groupe affirmant son identité ambigüe qui s'y colle. Et pour coller, ça colle.

Alors oui je sais le punk alternatif velu c'était mieux avant, et maintenant c'est moins couillu, et qu'est-ce que tu vas foutre là-dedans à ton âge, patati et patata, le discours convenu de la lopette végétarienne insolente, qui se croit autorisée à donner son avis. Ceci sans avoir connu in petto les joies du pogo en chantant des hymnes volkisch.

C'est curieux comme ça calme les gens, la trentaine. Tandis que moi je vais de l'avant, à fond, toujours plus haut, sans jamais l'ombre d'un doute. Seul un choc émotionnel terrible pourrait m'ouvrir les yeux. Et encore. Une grosse déprime ne serait pas à écarter.

Mouais. Je préfère encore mes pilules, finalement.

Donc quoiqu'il en soit, Indochine à Toulouse, ça va déchirer le slip et j'y serai, avec ou sans traces de freinage. En plus, et c'est certain. D'autant que ce sera blindé de jeunes éphèbes en tenue légère. Mais rassurez-vous, il faudrait que je leur demande leur carte d'identité avant d'envisager quoi que ce soit, ce serait tellement ballot de prendre 15 ans pour quelques peccadilles. Au fond, est-ce ma faute si tout le monde en veut à mon corps?

En attendant ce rendez-vous alléchant, un peu de légèreté folklorique et rafraîchissante.

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