lundi 3 août 2009

Entre Les Garçons Bouchers et le Che : HPG

Les Inrocks. Ce sous-torchon abyssal de niaiserie, avec lequel on hésiterait à deux fois avant de se torcher par peur d'attraper des mycoses (Butch, petit vicelard, au fait, ... mmh ?), sera toujours un aspirateur boboïde pour mouton bien-pensant en quête désespérée de branchitude humanitaire à prétention cultureuse. Ce qui est une expression compliquée pour dire gauchiste, mais j'écris avec des marteaux au bout des doigts, sans compter mes problèmes chroniques de spasmes compulsifs. Camarades lecteurs de Libé, auditeurs du Mouv' et de France Culture, bonsoir. C'est de vous que je cause, planquez vos petits culs aux abris.

Plutôt concentrés dans les centres-villes, ces pédants de classe supérieure parlent, votent et baisent à gauche, par snobisme. J'en observais une vaste bande dans le quartier latin, à l'époque où je faisais les sex-shops qui ont depuis malheureusement disparu au profit de vitrines de lingerie féminine diaboliquement luxueuses et tentantes. Des mutins de panurge pas spécialement antipathiques au demeurant. Mais tout de même, des poseurs parfaitement imbuvables de moraline prétentieuse et dégoulinant de culture subventionnée. Pas assez méchants pour en faire de bons militants, mais de vrais cons. La preuve en est qu'ils ne m'ont jamais admis à leur table, malgré ma volonté de m'immiscer, suggérée par des demandes discrètes et répétées avec la délicatesse habituelle de Panzer Divizion que vous pouvez m'accorder.

J'imaginais qu'ils m'aimaient bien. En fait j'aurais voulu faire partie de leur groupe. Surtout qu'à ce moment je traversais ma grande Crise d'identité nationale. Sans Parti pour m'épauler, avec toute cette rage qui montait inexorablement en moi de ne pouvoir m'acheter le vibromasseur de mes rêves avec percuteur à balayage. Tout ça par manque de flouze, puisque j'étais fâché avec papa. J'en ai nourri une rage incommensurable contre les marchands. Comme quoi, l'aigreur peut se nicher à bien des endroits, y compris sombres et qui ne sentent pas bon.

En lutte précoce contre l’injustice et l'incompréhension, déjà que Dame Nature ne m’avait pas gâté sur le plan intellectuel physique, j'aurais voulu m'intégrer dans un groupe. N'importe lequel, pourvu de rencontrer un peu de solidarité et de chaleur à mon égard. Et même pourquoi pas, trouver une âme sœur qui partagerait aussi ma passion pour les déguisements. Mais curieusement, personne ne m'invitait et je restais invariablement à la porte des soirées branchées. Ou au mieux, j'assurais le service d'ordre. Bien que je me sois maintes fois costumé en uniforme militaire pour l'occasion, histoire de leur montrer mon désir de camaraderie. J'ai su plus tard que ça venait peut-être, je dis bien peut-être, de ce qu'à l'époque ma réputation violente de borderline intégralement sado-masochiste, et insortable de surcroît, me précédait où que j'aille. D'autant que ce vent de panique ambiant dès que je pointais le bout de mon uniforme était parfaitement justifié, eu égard à mon dossier déjà lourdement chargé. Bref, j'étais complètement grillé.

Vous me direz que ma situation clinique n'a guère évolué si on jauge ma santé au déferlement de sévices quotidiens agités par mes soins sur mon autre blog exutoire. Certes, mais il y a du progrès, au moins puis-je désormais sortir de la maison en civil, juste en bottes avec mon t-shirt moulant.

Tandis qu'en ces années un peu raides de formation, je feignais l'indifférence en serrant la mâchoire, malgré d'insupportables blessures à mon égo - et compte-tenu de sa taille, il était facile de le froisser. Difficile de le faire entrer dans les volumes exigus de mon appartement à loyer modéré... Puis, à force de les subir, j'ai fini par aimer les humiliations. Elles sont à l'origine de ma vocation politique, toute entière construite sur un bloc de vengeance, un désir insatiable de punition pétri dans la jalousie la plus noire. C'est pour ça que je fais de la politique, ça m'apporte une sorte de plus-value transgressive pour aller plus loin dans la concrétisation de mes fantasmes vengeurs. Au moins, on peut s'astiquer en groupe. Et c'est avec une certaine délectation que je me répands en menaces de lance-flammes et autres instruments contondants, en imaginant certains qui ont osé refuser mes avances venant me visiter avec des gants en latex pour me procurer l'espoir passager d'une fouille rectale.

J'ai même cherché à obtenir des noms, des numéros de téléphone, pour me rappeler nuitamment à leur bon souvenir. Selon mes informations, ils sont tous au Parti Socialiste, ce qui n'est pas étonnant de la part de ces lopettes. Sauf un jeune éphèbe qui m'avait tapé dans l’œil, un jour à une terrasse. C'est étrange, je le vois encore comme pour la première fois, en fondant des scénarios sur notre future relation.

En tout cas, ils lisaient tous religieusement les Inrocks, cela va sans dire. Et je soupçonne qu'ils doivent encore le lire sans vergogne, tout trentenaires qu'ils sont. Alors que moi, drapé dans ma dignité, je lis les Inrocks planqué sur les chiottes, pendant que Butch fait la lessive. Après quoi je replace discrètement la feuille de chou achetée sous le manteau derrière la pile de SAS.

Oui, je sais, Kirkegaard, toussa. Ben non. SAS. C'est comme ça.

Et quand on a 17 ans, jouer les révolutionnaires romantiques, se gargariser de structuralisme en se prenant pour un guérillero bolivarien, faire de la transgression panurgique un mot d'ordre, penser que Trotsky et Michael Moore sont des sommets de la subversion de l'ordre bourgeois, c'est juste ridicule et touchant. Passé cette étape adolescente, quand on en est encore dans cette nasse immature à trente ans passés, ou pire, encarté dans un parti révolutionnaire (ici : insérer des rires), c'est carrément pathétique.

Mais je me soigne.

Et il faudra tout de même expliquer un jour aux cloportes libéraux-libertaires que cette épuisante antienne de la subversion à tout prix qui constitue le dogme des classes moyennes depuis 68, avec la contre-culture officielle imposée par une génération de dépravés égocentriques, ne sont qu'un nouveau secteur du complot néo-libéral, pour que le peuple se fasse des papouilles au lieu de s’élever vers sa mission, et n'aille pas trop lorgner du côté de la seule gauche socialement pure.

Allez vous faire mettre tas de hippies.

Or. Cohn Bandit était un anarchiste allemand, comme l'avait naguère fort bien remarqué le clairvoyant camarade Georges Marchais. Autant dire une raclure de la dernière espèce. Et je hais les anarchistes, surtout un peu trop libertaires. Aucune discipline. Si ça ne tenait qu'à moi, parfois, je dis bien parfois, j'aurais envie de les découper en morceaux, après leur avoir rôti les ripatons au barbecue, en m’inspirant des exploits de Léon. Normal.

De ce point de vue marxiste orthodoxe, vous aurez compris que la seule et unique attitude qui vaille, c'est tenir le menton haut, droit dans ses bottes, classe contre classe, pour en finir sabre au clair avec la société bourgeoise: deux blocs se rentrant dans le lard et au milieu quelques indécis bons pour le lance-flammes; que les seules lectures recommandables sont le magazine sado-masochiste "Rouge", les œuvres complètes de Léon Trotsky en 72 volumes contondants, et les mémoires du Che, qui se vendent dans toutes les bonnes librairies, avec le t-shirt et la sucette en cadeau si vous achetez aussi sa vie dans la jungle en DVD. Pour tout le reste, il faut lire ces infâmes torchons capitalistes dans le secret de l'alcôve, juste avant de démouler son étron quotidien.

Pour le plaisir. Et c'est ainsi que j'ai découvert tout excité les photos de l'acteur porno ultime, HPG, hardeur expérimenté et pionnier du gonzo musclé qui est passé de l'autre côté de la caméra pour tourner un film bucolique sélectionné à Cannes," On ne devrait pas exister ". Rien que le titre me fait frissonner la couenne.

Il était parfaitement normal qu'un journal gauchiste de traîtres libertaires vendus au libéralisme en vienne au recours de méthodes putassières, comme la mode du porno et du charme gay pour attirer le chaland et augmenter son tirage. D'ailleurs je n'ai pas pu résister, son dernier film a l'air captivant de bout en bout, puisqu'il représente mon fantasme absolu de virilité masculine conforme aux canons du réalisme socialiste. Un style avant-gardiste coulé dans le culte phallique auquel les partenaires-victimes sont totalement soumis, notamment par des pratiques alternatives où humiliation et sévices systématiques marchent ensemble comme le marteau et l'enclume. Pratiques humiliantes vainement combattues par les associations de féministes hystériques, ce qui est finalement un gage de qualité anti commerciale et d'underground authentique.

Choisis ton camp camarade! D'un côté le bon porno, le véritable sexe socialiste du futur, underground et burné, collectif et velu, violent et partouzard en diable, comme celui avec HPG. Et de l'autre côté le mauvais porno réactionnaire, commercial, chic et faussement subversif pour bobo dégénéré lecteur de Libé. Les petits salauds. Ainsi. Dans l'enfer consumériste du mauvais porno, on se rince l'œil et puis on tire son coup. Alors que la véritable machine stakhanoviste, elle tire son coup par surprise, sauvagement, le corps si oint d'huile qu'il a du mal à tenir debout.

HPG, avec son physique à mi-chemin entre un gladiateur et un lieutenant de la Waffen SS, représente donc la pointe saillante de ma culture cinématographique, une parfaite icône pour militant frustré qui peut enfin se tripoter la nouille en se déculpabilisant, puisque le damoiseau exécute ces sévices sadiques avec la mâle assurance d'un vieux routier conduisant son camion sur l'autoroute. En plus il a des goûts proches des miens, ce qui ne gâche rien: il écoute aussi DAF, Laibach, Motörhead, Patrick Juvet, Queen, lit aussi des philosophes staliniens comme Sartre et Badiou, ou même mon idole du moment, Zizek (avec deux Z, comme dans zizi, un truc dont je parle beaucoup en prétendant parler des autres).

On notera au passage que les Inrocks sont pour moi une source digne d'intérêt, puisque j'en parle abondamment dans un billet où une fois de plus je dévoile de nouvelles facettes sur ma personnalité de satyre tourmenté. Toute honte bue, il convient donc que j'en dise beaucoup de mal pour continuer à me voiler la face, reniant ma passion adolescente pour ces "goûts culturels" uniformément répandus aussi bien dans la gauche molle que dans la gauche dure.

Puisque tous ensemble, nous revendiquons dès l’école (du cirque), grâce à une pédagogie inventive, le droit à casser les pieds des autres, nourris à la même soupe progressiste.

Un peu comme ces mythos qui disent haïr les séries télé et ne les regarder que pour mieux s'en moquer, mais complètement accrocs s'ils n'ont pas leur dose. C'est. Certain. Il convient donc que je brandisse le Livre Rouge en criant mon sentiment de frustration ne n'avoir jamais pu intégrer cet élitisme en carton qui sent le faux, en n'assumant pas de faire partie du vulgum pecus boboïde, comme tout le monde au NPA. Où l'on trouve les mêmes rebelles d'opérette qu'ailleurs, sinon plus, ne différant que par le niveau de frustration accumulée. Le journaleux des Inrocks, à l'évidence, me fascine, me renvoie l'image de ce que j'aurais pu devenir sans ma vocation dans le domaine des instruments de sévices. Laquelle peut se prolonger largement au-delà de la limite autorisée, cf. Louis Althusser dans un autre registre, qui a fini par étrangler sa femme à force de lire Das Kapital.

Pantois et salivant devant la brute, tendu au possible, je risque toutefois de m'enflammer ce qui n'est pas pratique étant donné que je squatte le trône depuis 10 minutes et que j'entends Butch m'appeler pour me dire qu'il a fini la lessive, que la bière est fraîche et qu'il est prêt pour mater un film.

Cruelle situation. Tout juste le temps de dévorer la fin de l'article sur l'OBNI (objet baiseur non identifié), qui mêle harmonieusement les traits anthropomorphiques du surhomme nietzschéen et du bolchö nouvö.

C'est là qu'on voit l'enjeu libidinal et pourquoi il tourne autant la tête des échaudés qui se meuvent dans la surenchère de perversité actuelle : HPG c'est le Terminator du gonzo, bête sadique et besogneuse au possible, qu'on pourrait néanmoins croiser dans le métro sans soupçonner d'avoir affaire à une terrible bite mécanique, un phallus énorme qui impose sa loi par la terreur, en forant sa marque quelque soit l'orifice à violenter, et qui en plus, saccage sans pitié les récalcitrantes, dans d'héroïques chevauchées pendant qu'elles hurlent qu'il en met partout. La totale prolongation entre le physique de carnassier à la mâchoire carrée jusqu'aux deux neurones qui s'allument par intermittence, en dit long sur la régression mentale qui se produit dans les têtes enfiévrées de collectivistes revanchards, et tout ça, ça n'est certes pas très ragoutant, mais c'est au final d'une grande banalité. Et nous éloigne aussi de mon propos initial, comme toujours lorsque je me laisse emporter par mes petits marteaux.

Fantasmes de pervers multi-récidivistes qui voient rouge dès qu'on leur sussurre à l'oreille des mots doux, mais qui bandent comme des étalons à la vue de troupes musclées ou de guérilléros humides, qui rugissent devant leur camarade de section et rêvent de le ravager tout enduits d'huile d'olive, sur le paillasson, pour lui faire payer ce trouble, à ce jeune effronté.

Mais interrogeons à nouveau le symbolique du signifiant quant à la superstructure: pourquoi HPG, au-delà des montées d'hormones qu'il peut déclencher, est-il vraiment emblématique d'un espoir social à gauche ? Peut-il incarner un modèle pour les jeunes recrues ?

Un acte forcément, puisque les scènes d'action sont ma foi fort vigoureuses. Politique forcément, puisque tout est politique, c'est-à-dire que tout est rapport de force, donc de muscles, et in fine une question de taille de zizis.

Résumons. Collectivisation forcée des moyens de reproduction et partouzes biomécaniques brutales, subversion authentique et pornographie hardcore, rebellitude virile assumée.

Cerise sur le gâteau : notez comme en écrivant un long billet sur les mensonges du porno chic, j'applique au profit de mon autre blog les mêmes méthodes putassières que je dénonce par ailleurs comme étant celles des traîtres libéraux libertaires pour attirer les lubriques de passage.

Logique, je suis moi-même un pur produit de la rebelle attitude de supermarché. Ce commerce qui est très mauvais pour les autres ne saurait être si mauvais, au fond, pour moi.

1 commentaires:

Un camarade de passage 4 août 2009 à 03:11  

Excellent billet qui remet les pendules à l'heure.

Pour ma part j'affectionne la saga Ilsa (notamment "la louve des SS" et "la tigresse du goulag")

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