jeudi 24 septembre 2009

Taxer plus

«C’est un revenu qu’il s’agit de soumettre à l’impôt. Cela n’a rien de choquant. C’est de la coproduction budgétaire et cela rapportera environ 150 millions d’euros», affirme Jean-François Copé.

En France, nous n'avons pas d'idées, mais on a des taxes. On a même la droite la plus créative du monde en ce domaine. D'aucuns diront la droite la plus bête du monde. Mais y a -t-il encore une droite en France? La question m'inquiète. Je dirais même plus: ça m'interpelle, comme on dit chez les citoyens concernés.

Réflexe de blogueur, un petit coup d'oeil pour lurker un peu du côté de la blogosphère conservatrice, ce petit microcosme est en émoi...par exemple ici ou ...le jugement est sans appel : la sinistre bande de kleptomanes invétérés de l'UMP conduit une politique ouvertement socialiste. Il faut se rendre à l'évidence. Et on a rarement vu gouvernement créer autant d'impôts en si peu de temps, avec un zèle et une imagination qui défient l'entendement.

Bon. Soit, peut-être est-ce un effet de l'ouverture, qui intègre de plus en plus de socialistes bon teint dans le casting. Admettons. C'est curieux, mais bon, admettons, ces gens sont comme tout le monde après tout, ils vont à la soupe, ce qui est normal.

Soit ça ca va très. Très.
Mais alors très mal dans ce pays.

A fortiori pour l'extrême gauche, puisque nous devons incarner les héros du combat contre l'ultranéolibéralisme censé diriger médias, entreprises, et partis, même qu'il nous cause dans la tête, comme l'a démontré Bourdieu. S'il n'y a plus de droite en France, je vous le demande, sur qui allons nous taper pour désigner l'ennemi de classe? Si elle recule, comment va-t-on s'y prendre? Comment défendre une saloperie pareille que le trotskysme? Oh n'ayons nulle inquiétude à la marge : il s'en trouvera bien un pour se fendre d'un de ces billets rampants et grotesques dont l'extrême gauche agitée du bocal est coutumière. Monter au créneau pour chanter les louanges d'un combat d'arrière-garde contre la bête immonde conservatrice et la loi de la jongle libérale qui nous menace et nous ramèrait aux zeurrrrres les plus sombrrres de notre histoire.

Pas de problème je suis trotskyste et j'ose tout. C'est même à ça qu'on me reconnait. Et j'assume.

J'assume d'enfumer des cerveaux gauchis aux neurones cramoisis par la lecture du monde diplo et les fêtes du cochon organisées par le NPA.
J'assume de crier encore comme une folasse hystérique à la libéralisation sauvage quand la droite pond des impôts comme les facs poubelles pondent des altermondialistes.
J'assume de réduire la politique à un manichéisme abrutissant.
J'assume surtout de vanter mon désir de Sévices Publics sans que jamais une once de bon sens ni même l'évidence ne viennent me frapper au coin.

Pas de problème, je suis de gauche. J'ose. Le gouvernement explose les déficits, creuse le trou de la Sécuuuu que le mooonde entier nous envie, multiplie les plans foireux et les mesures dirigistes? Pas de problème, je pleure encore et encore sur le capitalisme sauvage qui nous aliène et nous exploite, à grands renforts de théories du complot (ils sont là parmi nous, CSP les a vus). De bourdieuseries et de besancenoteries, parce que vous comprenez les temps sont durs Madame Michu, surtout pour les professionnels de la rebellitude trotskarde, qui n'arrivent pas à capitaliser la colère-sociale-qui-monte-mais-qui-se-barre-à-l'extrême-drouate-ouin-ouin, et prétendre le contraire serait démagogique, on connaît la chanson par coeur, usée jusqu'à la corde. Allez, encore un peu et je parie que je vais râler contre les banquiers juifs et libéraux.
N'empêche là, à force de voir la droite multiplier les impôts, on va avoir du mal, les mecs, à vendre le bousin. Va falloir souquer ferme. Produire plus de matière fécale.

Puisque tout de même, ça peut très bien se comprendre quand on est un hémiplégique gauchiste, amputé de la matière grise et opéré de la honte -pléonasme, oui, merci je sais, arrête de me souffler des évidences camarade lecteur, non, les compliments ne prennent pas sur moi, mais si un peu quand même arrêtez, je mouille comme une pute - malgré qu'on ait la cervelle complètement bouffée par un antilibéralisme de combat et qu'on se vautre depuis des années dans de la grosse pensée unique qui tâche pleine de bons sentiments et de boucs émissaires grotesques comme un goret tchékistochaviste qui bave dans son auge, on peut néanmoins supposer, dans un accès de lucidité, après avoir pris sa petite pilule, qu'on va avoir du mal à convaincre et faire passer le message révolutionnaire auprès des masses, vu qu'on nage déjà en plein dirigisme applicatif sauvagement confiscatoire.

J'en ai les papilles en émoi. Si ça continue je vais me laisser pousser la moustache.

Je veux dire, pour expliquer ça à des gens normalement constitués, qui ne sont pas de notre couleur politique. Et partant, l'électeur lambda, qui peut se retrouver racketté et joyeusement ponctionné sur ses mirobolantes indemnités, et ce, même s'il a sa carte du PS, aura de plus en plus de difficultés à croire dans le sérieux de notre propagande collectiviste et nos propositions ubuesques, ce qui quelque part aurait d'ailleurs quelque chose de profondément comique, non?

Venant à l'instant de faire une petite recherche sur Gougueule, je constate que même le Figaro est contaminé par cette pensée unique étatiste, et consacre ses colonnes à faire le service après vente des nouvelles taxes hebdomadaires, dont la liste s'allonge plus vite que notre liste d'adhérents. On savait déjà que la presse était pourrie et aux ordres du pouvoir de la Sarkozie et que ces marauds sont rentrés avec servilité dans le giron en mode planification par la développitude durable et l'écologie citoyenne écoconcernée. Et là paf! ça ne manque pas, pas un mot contre cette nouvelle saillie fiscaliste. Peut-être que Thréard, Mougeotte, Bréguet et Cie sont en train de tirer à la courte paille pour désigner le malheureux qui va s'y coller.

"Choqué".

Très.

Vraiment très.

Si si. Je suis comme ça.

Mais je me soigne.

Vais prendre ma pilule, c'est l'heure.

Je fais mon numéro habituel, une révolution complète autour du nombril qui me tient lieu de culture politique. C'est même à ça qu'on me reconnaît. Vous dis-je!

Il nous faudra quand même une sacrée dose de chance, camarades, si l'on veut continuer à combattre des moulins. Vous savez ce que c'est. Vous êtes de gauche. Mais on attend avec gourmandise nos futures - et assommantes - tentatives de rebond pour séduire l'électorat populaire, qui apriori, s'en fout, mais c'est déjà ça, nous avons l'inestimable qualité de faire rire la blogosphère. Enfin, surtout Moi je CSP, l'empereur du Comité de Néant Public.

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