jeudi 3 septembre 2009

Mise à jour des paramètres sexuels

Sur recommandation de Butch, ce gros coquin, je me suis inscrit sur AdopteUnFacho.com. Le principe : des êtres désœuvrés tentent de se retrouver pour boire de la bière, échanger leurs vues sur le monde et la politique avec des instruments contondants. Il y a une section exprès pour moi où ce sont les maîtres qui "choisissent" leurs esclaves qu'ils soumettent en un click. Ce sont des "clients" qui font leur "marché" de soumis pour trouver soit la bonne affaire de la semaine, soit "l'article" ultime qui leur servira à vie. Bon. Ok. Inscrivons nous et allons-y voir. En plus, ça tombe bien ; j'ai un début d'érection à l'idée qu'enfin, je vais être un homme-objet.

Ce sera toujours mieux qu'objet tout court, ou objet de moqueries, hein...

On clique donc et on tombe sur une interface où c'est blindé de petits fachos de toutes tailles et de toutes sortes, on regarde des fiches - avec photos, ou pas - et on clique sur un petit bouton pour lancer une "ratonnade", manière virtuelle de faire comprendre à la cible qu'on est... intéressé par elle. Disons. Et plus si affinités, mais ça, c'est l'autre partie du programme, puisqu'il faut encore que la petite frappe vous autorise à lui envoyer des petits mots doux derrière la nuque pour la convaincre que vous êtes ce type indispensable qu'elle ignorait sottement jusque là. Bon, voilà pour la présentation générale.

Je ne peux pas cacher une grande perplexité devant la chose. Bon, que tout le monde soit réduit à une échelle client/produit et que la relation ne se détermine que sur un mode consommatoire festivoludique, ça n'étonne même plus. Je suis passé par là, déjà, moultes fois. Au passage, sur mon autre blog, n'hésitez pas à venir nombreux me demander de reprendre l'écriture de ces passionnantes saynètes sexuelles où je me suis donné à fond ! Bref. Pour en revenir au site, ce n'est même plus l'apologie de la précarité relationnelle, c'est assumer franchement que la relation maître/esclave/jouet sexuel/tenue en cuir bondage ... peut se définir sur le mode j'te prend/j'te jette, et s'en amuser, tralala. Et bon. Je suis tout de même assez mal placé pour en parler. D'une part, je prends de plus en plus rarement. Et je suis très conservateur dans l'âme : je ne jette rien. D'ailleurs, Butch me le dit souvent, il va falloir vider cette cave de tous les vieux débris et toutes les petites merdes que j'y entasse...

Au bout d'un moment, ça m'a un peu ennuyé, tout de même. C'est pour ça que je vous en fais part dans mon blog. J'y vais quand je m'ennuie. Je sais, ça se remarque. Mais bon, tu es là devant ton PC (Personnal Computer, hein, pas Parti Communiste), et tu attends, gentiment, qu'on te "choisisse", sans pouvoir faire autre chose. Bof bof bof.

On dirait une réunion "N"PA...

Donc, m'est venue une idée amusante : et si je créais un profil-bidon de jeune facho soumis pour voir comment ça se passe ?

Let's go.

En cinq minutes, c'était plié : Butch Grozanal, 36 ans, éducateur célibataire toulousain qui sous-entend qu'il sort d'une relation longue et douloureuse et qu'il est là pour un peu s'amuser, tout en précisant évidemment que les "socdem" sont priés d'aller voir ailleurs, mais dans l'ensemble il est open. Il écoute du Rammstein et du Christophe Maé, colorie un bouquin de temps en temps, adore Olivier Besancenot et Wentworth Miller de Prison Break, et naturellement déteste : les cons. Très pratique, ce vocable "cons", ça veut dire tout et rien, et sert essentiellement à désigner ceux qui ne sont pas comme nous, les bulots. Heu. Les hommes.

Le plus délicat a été de trouver des photos pour donner un visage à mon simulacre : il me fallait un type mignon, mais pas "trop" pour qu'il soit crédible. Le gentil FAF lambda, un peu plus musclé et chevelu que la moyenne tout en se situant en milieu de gamme pour ne pas décourager l'initiative et que le pékin lambda puisse se dire qu'avec lui c'est peut-être faisable. J'ai fini par trouver deux photos collant parfaitement avec cette exigence, création d'une adresse mail à son nom, clique-clique-clique : c'est parti. Quel hacker je fais !




Et je sors une pilule de Viagra du paquet en attendant de voir se qui se passe.

Je n'ai même pas eu le temps de l'avaler.

Vous avez vu Dirty Dancing ? Non ? Tiens... Moi, si. Eh bien quand les bestioles se mettent à danser de tous les sens par déhanchés torrides dés qu'elles perçoivent des sons vaguement musicaux ?

Pareil.

Je vous jure.

En moins d'1/4 d'heure, j'ai reçu des demandes de plus de soixante (60 !) petites frappes qui voulaient tenter une "ratonnade" de mon simulacre. Et passé le premier rush dû à l'apparition d'un petit nouveau sur les radars, ça s'est étalé à jet régulier pendant l'heure que j'y ai passé.

À la fin, j'avais plus de 180 bonshommes qui m'avaient envoyé un coup de latte... au bout d'une heure.

180.

Ce qui est beaucoup.

Parce que disons net les choses : à part quelques indécrottables socialistes un peu mou égarés en ces lieux, 99,9 % des mecs inscrits là dessus ne sont là que pour une seule chose : cogner !

Et quand tu es un être un peu frêle comme moi ... heu non comme mon avatar, comme Butch Grozanal, je veux dire, s'apercevoir que 180 loulous sont prêts à te passer dessus, je suppose que ça doit faire...bizarre...

En tout cas, moi, j'en ai taché mon jean. Ça fait réfléchir, hein ?

J'avais déjà écouté le témoignage de camarades, bossant à la sécurité au "N"PA, qui se plaignaient des ratonnades de FAF, et j'avais gentiment marqué mon assentiment, voui voui voui, je comprends bien, rhalala, ça doit être embêtant alors, bon bon bon. Sauf que non, évidemment : je ne comprenais pas. La pression. Pas la bière, hein. La contrainte, quoi ... C'est pour ça qu'ils font la gueule quand ils marchent dans la rue : parce que le moindre signe de non-défiance sera interprété comme ouverture. Vous me direz que je n'ai eu qu'un vague aperçu de ce que ça peut être et encore, bien au chaud devant mon écran, comme lorsque je crie "Tuez Les Tous !" en me refaisant une tisane avant d'aller au dodo... N'empêche : même indirectement, même si éloigné que je sois de ce genre d'expérience concrète - à moins que ... j'en ai parlé à Butch, et il n'est pas totalement contre l'idée que je subisse une série d'opérations lourdes qui me permettraient peut-être d'éteindre ces pulsions qui sourdent en moi à chaque nuit esseulée - j'ai un peu aperçu ce que serait un quotidien de redskin soumis ouvertement déclaré...

Et attendez : le meilleur est à venir !

Puisque bon, il fallait leur donner une petite chance, tout de même, à ces braves garçons : "Butch Grozanal" en a donc autorisé une quinzaine à lui rosser les côtes.

Là, ça a été la deuxième surprise : du plaisir. J'y ai pris du plaisir !

Pas tellement par l'indigence parfaite des taloches envoyés, d'une affligeante brutalité.
Mais tous, alors qu'ils avaient été sélectionnés complètement au hasard, sans aucun critère ni quoi que ce soit, tous puaient le manque. Tous avaient le collectivisme marqué au fer rouge sur la tronche, et ça se ressentait dans chaque virgule qu'ils exprimaient. La grosse grosse envie de me dépouiller et de me cogner la gueule. N'importe comment. Frapper, frapper, frapper. Et chanter des slogans communistes ou nazis (peu importe la différence, une fois passé deux grammes dans le sang, ça se ressemble beaucoup - La pression, vous dis-je. Pas la contrainte, hein, la bière). Ces types ne cherchaient pas quelqu'un à qui parler, ne voulaient pas rencontrer, n'avaient aucune curiosité : ils crevaient de haine et cherchaient de la viande. Point barre.

Et se sentir viande est extrêmement désagréable...

J'ai supprimé le profil-bidon au bout de deux jours, j'étais édifié. Et assez effaré, aussi.

Je retire de cette "expérience" deux ou trois choses :

D'abord, la misère intellectuelle collectiviste est une réalité écrasante de nos société, mais ça on le savait déjà : chaque petit communiste, chaque petit militant "N"PA se rêve en petit kapo prêt à foutre son pied dans la gueule de celui qui ne pense pas comme lui, dans la plus parfaite illustration du totalitarisme banal et obligatoire qui germe systématiquement de ces idéologies de merde.

D'autre part, j'ai découvert que j'adorais me faire prendre et me faire cogner. C'est la seule situation où, finalement, je sais ce qui m'arrive et pourquoi, sans doute par opposition totale à la médiocrité lacrymogène de ma vie de puceau affamé, où chaque jour se suit et se ressemble dans une copie sépia d'un ennui suicidogène.

Après avoir réfléchi à tout ça, une seule conclusion s'imposait :
J'ai modifié mon profil en fonction de ces paramètres : je me suis renommé en Elton Jaune.

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