mardi 8 septembre 2009

Terroriser les lecteurs, 1.

Bon, ça ne rigole plus. Là, je me lâche total pour faire The Pensum Du Siècle. J'ai deux-trois idées bêtes à partager, alors pif ! paf ! comme une envie de pisser, je me lâche. Et ça fait très mal au point de terroriser mes lecteurs devant la longue enfilade de perles abrutissantes que j'offre à leur vue ébahie.

Prenons l'exemple de mes épuisantes ratiocinations sur un sujet qui me passe très, mais alors très très au-dessus du carafon : le forfait hospitalier, dont personne ne croit que je ne sois capable d'en comprendre un bout tant j'ai déjà démontré dans les précédents billets ma parfaite étanchéité à toute logique de base.

Ainsi, je vais proposer à la lecture de mes pauvres abonnés (dont certains, les larmes dans les yeux, constatent jour après jour, que je deviens plat, docte et ennuyeux à mesure que le spoof s'en donne à cœur joie) une passionnante étude d'un article sur le trou de la Sécu, et balancer une ou deux contrevérités navrantes et parfaitement convenues sur le système de santé à l'anglo-saxonne, massivement et rédhibitoirement étatisé au point de prouver depuis le temps sa prodigieuse capacité à ruiner l'état de santé d'un pays et de sa population. Comme chez nous, en somme, mais au moins, là-bas, c'est reconnu publiquement.

Cet exercice de terrorisme intellectuel est depuis le temps bien rôdé, et il suffit d'attendre que déroulent de longs et ennuyeux paragraphes, sans la moindre petite allusion sexuelle – abstinence humoristique totale pour l'Anachorète du Communisme sur la Toile - pour bailler aux corneilles - endormies - en oblitérant complètement au passage ce menu fait : si je suis au milieu d'un tel trou, un tel passage à vide, c'est principalement parce que j'ai fait des choix, des choix qui ont favorisé une constipation puis une diarrhée carabinées. Concrètement : les petites pilules diverses que Butch m'a filées ont entraîné une véritable paresse intestinale et m'en voilà réduit à biberonner du thé qui laxe et écrire des textes qui font chier pour tenter de faire sortir les petites boulettes de merde que je stocke à l'intérieur et même que ça se voit à l'extérieur. Quand les billets stagnent, c'est autant d'abonnés qui se font la malle. Quand sévit, comme en ce moment, une hausse brutale de l'emmerdement de masse, c'est autant de points au Wikio qui partent en fumée...

Et bien évidemment, jamais, au grand jamais vous n'entendrez de remise en question devant ce déficit de plus en plus chronique de mon célèbre humour qui fait "Zgeg !" ; pas de doute, il y a bien la captation d'attention par d'autres, et je sens l'enlisement... Jamais vous ne m'entendrez brailler en exigeant séance tenante la seule vraie réforme réellement nécessaire : rendre à mon blog son flamboiement d'antan, avec les petites vannes pipi-caca j'ai une grosse quéquette, ce qui du coup et entre autres, augmenterait les visites et permettrait enfin de faire passer mes extraordinaires messages communisto-révolutionnaire de baltringue à toupie. Non, vous ne m'entendrez pas dire ça. Parce que faire ça, c'est rien moins que de l'auto-érotisme à l'état pur ! Et prétendre le contraire, c'est vouloir une intervention de Butch. Sacré Butch. Il ne s'y risquerait d'ailleurs pas depuis turlurette, trop concerné qu'il est par son obsession d'apparaître "responsable", qui ne lui vaut que gamelles sexuelles à répétition et mépris généralisé.

Ce qui va donc se passer, ce sera une bataille véhémente de polochons entre apparatchiks, petits meurtres entres amis et coups tordus, comme seuls les partis et sectes de gauche ont le secret - dont la force rouge du "N"PA - pour tenter de livrer notre numéro de music-hall habituel, en rameutant des troupeaux de brailleurs illuminés dans la rue et en essayant de réclamer des sous. En espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui va de soi, contre la promesse provisoire de ne pas tout casser. Et si d'aventure, nous parvenons à intimider suffisamment la population avec nos milices, nous pourrons alors recevoir l'onction délicieuse de subventions gouvernementales, puisque tout révolutionnaire d'opérette qui se respecte en raffole, est prêt à baisser sa culotte pour en obtenir, ce qui tombe bien puisque le gouvernement adore léchouiller nos bourses molles.

Cependant, même en soudoyant la bourgeoisie contre la promesse d'un éphémère retour à l'ordre, on ne se lassera évidemment jamais de revenir à la charge pour réclamer davantage de subsides, sans trêve ni repos, sous une forme différente, et en s'appuyant sur la formidable impunité dont nous bénéficions grâce au surmoi marxiste et antilibéral d'une classe médiatique soumise. Sans compter la domination gramsciste de masse acquise grâce au bastion de l'ÉducaSSion naZionale, à la caste des intellectuels couchés (de gauche, c'est un pléonasme) et un immense réseau associatif aux ramifications aussi saugrenues qu'inutiles, financées grâce aux subventions de l'État que paraît-il nous voulons renverser tout en réclamant la constante augmentation de l'assistance. Logique. Puisque nous ne sommes pas bons à grand' chose, à part se monter la tête sur le thème de "c'est la faute aux méchants libéraux si on a des vies de merde". Si l'idéologie n'existait pas, il faudrait l'inventer.

Car après tout, si je passe mon temps à me répandre en bourdieuseries glanées sur Wikipédia et à faire semblant de vomir la société de consommation à grands renforts de clichés puisés chez Guy Debord, c'est surtout bon pour les autres. Amuser la galerie, donner le change, impressionner les jeunes militants et au bout du compte, tenter de leur soutirer quelques faveurs sexuelles au grand dam de Butch. Mais pourquoi irait-on, en privé, cracher sur les bienfaits du capitalisme se déclinant en une infinité de produits alléchants (comme cette superbe paire de rangers fluo cloutées que j'ai repérée tantôt), alors qu'au "N"PA nous sommes des parfaits petits entrepreneurs de la contestation adolescente?

La forte prégnance des idées socialistes et ce jusque dans la droite étatiste que nous prétendons combattre mais avec laquelle nous forniquons allègrement en permanence, puisqu'elle a autant besoin de nous que nous d'elle, est indissociable de cette articulation démagogie/ressentiment qui a su utiliser le thème de la peur comme mot d'ordre. À savoir non plus l'individu en tant que personne ayant des droits et des devoirs, mais en tant qu'animal grégaire suivant la direction du troupeau. En le transformant en fourmi collectiviste sans passé ni attaches autres que celles des sévices imposés par le Parti, et ne s'imaginant en rien comme un être autonome. Pour grignoter enfin dans les cerveaux rongés par l'envie, les pâles slogans égalitaristes nourrissant nos fantasmes d'asservissement, qui permettent entre autres l'existence d'un fiscalisme créateur - en attendant les expropriations à coups de rangers au cul.

En résumé et en y allant à la hache, il y a : l'inflation de politiciens incapables et corrompus - subordonnée aux intérêts d'une coalition de démagogues dont notre postier apparatchik d'amour est un produit correspondant à l'air du temps ; les cercles de propagande bien-pensants qui cogitent au comment faire passer leur démagogie dans la population, et les canaux de pénétration de ladite propagande qui après lubrification, imprègnent par capillarité d'un désir sodomite toutes les couches sociales. Schéma forcément hâtif mais qui permet de séquencer un processus d'abrutissement intellectuel permanent - et nous les trotskystes on s'y connaît un peu niveau abrutissement - qui est absolument indispensable pour établir le façonnage des esprits et légitimer la collaboration de notre prétendue opposition à l'établissement, dont nous sommes en quelque sorte les idiots utiles, la soupape de décompression. Idiots, mais contents, puisqu'on peut ainsi jouer à la révolution et s'inventer des ennemis, ce qui est pratique vous en conviendrez.

Or, nous mêmes, rebelles de service, que faisons nous dans cette sinistre farce?

Quelle dimension parallèle occupe dans notre ennui quotidien de militant triste ce qu'on pourrait définir comme une hallucination collective conditionnée par un lavage de cerveau trotskyste?

Et poser la question appelle une réponse assez cruelle : le rôle de lampiste. Ou en tout cas de pions.

Nous produisons des fables. Nous recyclons des vieilles lunes. Ce qui n'est pas terrible, nous sommes d'accord. Parfois nous produisons des films, comme Soviet Story, des documentaires engagés à la gloire de Chavez, basés sur la fascination bien franchouillarde pour les apprentis dictateurs en bottes. Ce qui est formidable et nous donne l'impression d'exister. Mais qui reste malheureusement confiné à un public de petits bourgeois excités déjà confits de moraline.
Les livres, si contondants soient-ils, nécessitent la possession d'un capital de bourdieuseries conséquent pour y avoir accès, que seuls les éternels étudiants gauchistes en sociologie de comptoir peuvent se permettre. Ce qui prouve que la rebellitude de supermarché est un sport de riches. Ce qui explique qu'on n'ait jamais vu d'ouvriers ailleurs que dans lesdits documentaires. Les films concernés par le bonheur du genre humain tournent dans des salles d'art et d'essai boboïdes totalement acquises à la Cause, et fréquentées par les mêmes éternels étudiants en socio ou en arts plastiques, ce qui prouve qu'ils ont beaucoup trop de temps libre. Et pour l'essentiel, tous sont basés sur une logorrhée verbale insignifiante qui frise les incantations idolâtres, en privilégiant les bons sentiments et l'absence de réflexion lucide. Mais qu'importe, le but c'est de se retrouver tous ensemble, dans une promiscuité prometteuse, puisque l'intelligentsia gauchiste est avant tout un vaste baisodrome.

Qu'importe si le peuple a depuis longtemps, massivement déserté le cinéma marxiste et l'art engagé porté par le comique troupier Sartre au temps de sa gloire maoïste, tous les champs du divertissement communiste ayant été largement discrédités depuis la chute du Mur.
Se convaincre de la persistance d'un ennemi libéral d'autant plus invisible qu'il n'existe pas de parti libéral en France, c'est l'important, ce qui passera par un terrorisme intellectuel où la gauche moralisatrice s'est depuis longtemps spécialisée, et par la nécessaire masturbation collective entre gréviculteurs, ce qui est tout de même notre sport favori et notre suprême ivresse, surtout du côté de la fac de Toulouse-le-Mirail.

Et malgré ce long galimatias de purée de pois, je me sens en forme et je propose de vous enfumer demain dans la deuxième partie de ce billet. Trop cool, non ?

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