Zum Geburtstag viel glauque
Il parait que plus on prend en âge, plus on s'assagit... On prend du recul, on a une meilleure connaissance de la vie et partant on prend moins les choses à cœur. On mûrit. On est davantage enclin aux concessions, aux compromis, on devient de moins en moins véhément. En bref, on commence à savoir vivre...
Il paraît.
Parce que moi, ce n'est pas, mais alors vraiment pas du tout le cas.
Tenez, aujourd'hui, j'ai 36 ans. Dernière ligne droite avant la mort. Je devrais être anéanti devant l'échec de ma vie de con, et me lancer dans de cruelles et douloureuses remises en questions, et me demander ce que j'ai fait dans ma vie de merde et est-ce que mes choix étaient les bons, blablabla. Ce genre de remise en cause.
Sauf que non.
En gros, plus j'avance vers la tombe, plus je me fous de rater ma vie de larmes.
Plus le temps passe, plus je suis absolument persuadé d'avoir raison.
Et plus je suis persuadé d'avoir raison, plus j'ai le vif désir de l'imposer de gré ou de force à mes contemporains.
C'est triste, non ?
Mais attendez, ça va plus loin. Je sens bien qu'un petit côté schizophrène me mâchouille entre les deux aines, et j'ai bien noté qu'on se tordait les côtes dans mon dos. Pour faire bonne mesure, je tente (assez maladroitement) de faire dans la surenchère. On me soupçonne nazillon ? Je fais dans le titre germanique qui fleure bon les jeunesses sportives et ariennes. On renifle du révolutionnaire caricatural ? J'en remets une couche dogmatique en béton armé, tout dans la finesse qui me caractérise.
Tenez, par exemple, le NPA. Eh bien pas une seule seconde je ne remet en question la pertinence de sa ligne majoritaire, dont je me flatte de faire partie. Nous avons raison, puisque nous échouons. CQFD. Et je puis affirmer que contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là, il n'y pas une once d'hésitation dans ce courant pour ce qui est de notre analyse et de nos choix. Nous avons bien fait de faire cavalier seul aux européennes, car il vaut mieux avoir 0 député avec des idées de merde que davantage sur des lignes politiques démocratiques et modérées. De la même façon, nous ne pouvons certes que nous réjouir que Mélenchon souhaite faire alliance avec nous pour les régionales, oui da : Méluche s'est réveillé un matin en décidant qu'on était tous aussi collectivistes les uns que les autres finalement et qu'on allait tous devenir une super bande de cocos... Certes, il ne sait que trop bien que le PCF va le laisser tomber sans aucune hésitation pour les régionales, du coup, vu que le PG n'a ni logistique militante ni surface électorale propres, il est obligé de chercher une poubelle ailleurs. Et comme on est un peu les seuls...
Ensuite, on ne peut que se réjouir, youpi, de voir se dessiner un début d'arc de conservation de gauche dans le paysage politique, et c'est un signal visiblement très bien reçu par tous ces gens qui veulent que la gauche empêche ce pays de se réveiller. Et cela est fort bien, en vérité.
Surtout si c'est à nos conditions, il allait sans dire.
(et je ne peux pas cacher une maligne jubilation à imaginer les réactions offusquées que ne manquera pas de provoquer ce subtil mélange de patriotisme d'organisation aux limites du fanatisme, de cynisme décomplexé et de sectarisme idéologique obtus. Enfin, ça, c'est comme ça que les gens sensés le verront. Perso, j'appelle ça totalitarisme. Mais bon, c'est chacun qui voit, pas vrai ?).
Et j'enfonce encore le clou à coup de masse : la preuve, irréfutable, que notre ligne est la bonne, c'est le torrent d'éloges qui regorgent - et regorgeront - des médias (qui sont bienveillants à notre endroit).
Notre ligne est juste et notre direction éclairée nous montre le chemin. Et en plus je le pense.
Ah ah ah.
Sur ce, je vais passer des coups de fils pour organiser ma birthday party (encore une fois, je chie sur l'Oncle Sam mais j'adore fiévreusement sa culture tout en m'en défendant), et pour conclure en musique, je vous laisse avec un des mes groupes préférés.
J'ai 36 ans, et je me sens de plus en plus con, moi, dites...
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